Dans cet article, Khaled Al Kuntar, spécialiste des marchés luxe et grand prestige pour Fast & Fresh nous parle des évolutions du marché des voyages luxe à Dubai et au Moyen-orient.
Olivier : bonjour Khaled, tu reviens d’un voyage à Dubai où tu as travaillé pendant 8 ans comme designer haute couture et stratège de marque. Tu t’occupes en ce moment pour Fast & Fresh de clients qui organisent des voyages luxe à Dubai et au Moyen-Orient. Et tu me disais que les tendances des voyages luxe étaient en train de changer là-bas. Est-ce que tu peux m’expliquer ?
Khaled : bonjour Olivier. Oui effectivement, le marché Dubaïote a beaucoup changé en dix ans notamment avec l’arrivée des millenials.
« Des voyages luxe, certes, mais pour s’ouvrir au monde et vivre des aventures »
Khaled : les clichés sont vivaces. Les gens s’attendent à voir débarquer en Europe des dubaïotes vulgaires, peu instruits et uniquement préoccupés de montres horlogères et de voitures de luxe. En fait il n’en est rien. L’arrivée de la génération Y et maintenant de la génération Z a complètement changé la donne.
Olivier : tu peux nous expliquer ?
Khaled : la première chose à comprendre, c’est qu’à Dubaï, les agents de voyage ont finalement peu d’influence. Ce qui compte, c’est l’avis des soeurs, des frères, des cousins, de la famille, des amis. Internet a également pris une importance croissante ces dernières années. Et pas que chez les plus jeunes.
L’autre chose, c’est que réduire les voyages des dubaïotes au voyages luxe est une idiotie. Les voyages luxe sont un style de vie, pas une fin en soi. Il y a en réalité 3 raisons principales aux voyages luxe, ici, à Dubaï :
- La première est pragmatique : il fait chaud, c’est fatigant, les gens ont besoin d’une pause. Une pause climat et une pause boulot.
- La seconde, c’est que Dubaï est un petit pays. Les gens ont profondément envie de s’ouvrir au monde et de découvrir de nouveaux endroits. Ils ont soif d’aventures et de découverte. Ils ont envie de s’enrichir personnellement et de s’ouvrir à d’autres cultures. Pour reprendre les nouvelles segmentations des voyages luxe, ce sont des wabi sabi. Et la chose amusante, c’est qu’ils le font en famille. Le groupe est un exhausteur de goût.
- Et puis il y a évidemment des raisons plus pragmatiques comme les mariages ou bien les voyages d’affaire.
« Une belle destination, c’est du paysage et de l’aventure mais c’est aussi de la logistique. Beaucoup de dubaïotes mangent mal à Paris »
Khaled : les dubaïotes ont encore tendance à bouder les petits endroits, les petits villages, la province. S’ils sortent de Dubaï, c’est d’abord pour partir à l’aventure, leur prédilection va donc naturellement aux grandes villes, plus excitantes et plus riches de possibilités.
D’ailleurs, ils ne voyagent généralement pas vers une seule destination. Les dubaïotes en voyages luxe en Europe passent généralement par plusieurs pays. Ils vont à Rome, puis en Allemagne et enfin à Paris ou bien à Londres.
Les destinations asiatiques commencent d’émerger. Le japon leur plaît beaucoup, d’autant qu’il est plus sécurisé que Paris.
Mais pour des visiteurs pour qui les voyages luxe sont un style de vie, la beauté de la destination, le climat et les aventures possibles ne sont pas le seul critère. La logistique compte également.
La réputation d’une destination se construit très rapidement par bouche à oreille sur des critères logistiques comme la qualité de l’accueil des touristes, la rapidité des formalités, la qualité des hôtels et des services disponibles.
Et puis, il ya des besoins culturels aussi. A notre grande surprise, nous avons découvert que beaucoup de dubaïotes mangeaient mal à Paris. Tout simplement parce que la nourriture n’est pas adaptée à un public musulman et ils se retrouvent donc souvent contraints de manger en bordure des plaisirs gastronomiques français.
D’où leur intérêt croissant pour des pays comme la Malaisie qui offre une variété culinaire adaptée à leurs préférences culturelles et religieuses.
« Les voyages luxe sont d’abord des voyages de groupe »
Khaled : il est également intéressant de constater que, historiquement et culturellement, les émirats sont construits sur les liens familiaux.
Les voyages sont donc d’abord des voyages de groupe. On voyage avec la famille ou bien entre jeunes. Et contrairement au clichés, les femmes les plus éduquées voyagent seules, entre elles et viennent faire du shopping à Paris.
La vraie différence se situe au niveau des générations Y et Z : ils sont très difficiles à satisfaire. Ils ont les moyen et l’envie de vivre une vie excitante et à toute vitesse.
Evidemment, ils continuent de voyager avec leur famille et à passer du temps avec mais ils sont de plus en plus autonomes et ont tendance à former des pelotons adolescents et débonnaires avides d’aventures nouvelles et de possibilités.