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MyPack Connect : une stratégie pour passer à une sécurité alimentaire vertueuse et concertée ?

Olivier : bonjour Antoine, tu es l’un des fondateurs de MyPack, une application mobile qui permet de vérifier la composition des produits alimentaires, cosmétiques et bébé. L’idée est de s’assurer qu’ils sont exempts de parabène, de dioxyde de titane ou encore de perturbateurs endocriniens. Tu travailles donc sur des questions brûlantes en termes de sécurité alimentaire. Est-ce que tu voudrais bien nous aider à comprendre les grands enjeux du secteur ?

« Quand on parle sécurité alimentaire, il faut comprendre que certaines négligences sont volontaires : on sait par exemple depuis des années que le dioxyde de titane est cancérigène »

Le dioxyde de titane est présent dans la composition de nombreux bonbons, cosmétiques, dentifrices, crèmes…

Antoine : quand on parle sécurité alimentaire, on peut aujourd’hui repérer trois grands enjeux.

Où trouve-t-on les perturbateurs endocriniens ? (crédit photo euro-assurance)

« Il y a également des questions de santé publique, on observe de plus en plus de diabète ou bien des des pubertés précoces liées aux perturbateurs endocriniens. Du coup, des outils apparaissent pour aider les consommateurs à faire le tri entre les produits »

Olivier : du coup, qu’est-ce que ça change concrètement en termes de sécurité alimentaire ?

Antoine : plusieurs choses.

« Quand les consommateurs ont le choix entre deux produits, c’est de plus en plus le produit sain qui l’emporte »

Olivier : mais quel est l’intérêt aujourd’hui pour une marque de jouer le jeu de la transparence et de l’éthique en matière de sécurité alimentaire ?

Antoine : les marques n’ont plus réellement le choix en fait. Le consommateur n’est plus vraiment disposé à avaler n’importe quoi. Il le fait aujourd’hui mais par simple ignorance de ce qui se trouve dans son assiette. Mais les gens ne croient plus au marketing : une fois qu’ils ont compris qu’ils ingèrent du dioxyde de titane chaque fois qu’ils se brossent les dents, il n’y a plus de machine arrière. C’est une guerre de l’information. Et force est de constater que les usagers sont de mieux en mieux informés, parfois plus que les vendeurs et les marques elles-mêmes. Du coup, il devient de moins en moins intéressant pour les marques de maintenir en rayon des produits controversés : ils ne font plus recette. Quand les gens ont le choix entre deux produits, c’est souvent le plus sain qui l’emporte.

« Les applications comme MyPack ne sont pas que des applications de sécurité alimentaire, ce sont des tiers de confiance qui aident à ré-équilibrer le rapport de force usagers-marques »

Olivier : et quel est votre rôle dans cette histoire ?

Antoine : nous, nous sommes un tiers de confiance. Nous sommes à la fois là pour rappeler les faits et dire la vérité sur ce que les produits de grande consommation contiennent -nous avons donc un devoir d’impartialité et de rigueur sur ce que nous racontons- et d’autre part, les consommateurs nous utilisent comme un contre-pouvoir, comme un intermédiaire qui ré-équilibre le rapport de force avec les marques et garantit la sécurité alimentaire. En tout cas, nous ne voulons surtout pas devenir un média anxiogène.

Olivier : quel est l’objectif pour vous, MyPack, sur ce marché ?

Antoine : se contenter d’être une technologie de scan de packagings et de reconnaissance visuelle serait un peu court,  je pense. Permettre aux usagers de disposer d’un wikipédia des produits est évidemment très important mais nous pouvons leur proposer plus que de juste éviter les produits nocifs en rayon. Nous pouvons les aider à faire entendre leur voix. Nous pouvons les faire passer de l’information client au vote client en les aidant à faire bouger les marques.

L’application MyPack Connect permet de vérifier la formulation des produits de grande consommation

« Pour les marques on est de la good data qui leur sert à améliorer leur relation client. Pour l’éducation nationale on pourrait être un vecteur d’éducation des enfants vers de bons choix nutritionnels »

Olivier : et les marques ? Elles le prennent comment ?

Antoine : plutôt bien en fait. S’il arrive qu’il y ait quelques moutons noirs qui trichent sur leurs ingrédients, pour la majorité des marques, des applications comme MyPack sont de la « good data » qui leur sert  à améliorer la sécurité alimentaire et la relation client. On est très loin des scandales du type facebook Cambridge Analytica dans lesquels la data était utilisée « contre » les utilisateurs ou bien à leur insu. Du coup, nous espérons créer un cercle vertueux dans lequel les marques co-créeraient leurs produits en tenant vraiment compte des besoins utilisateurs. Nous aimerions également beaucoup nous associer à des initiatives scolaires permettant d’éduquer les enfants au goût et à la nutrition saine. Bien se nourrir est un chantier essentiel de l’éducation nationale. Cela fait partie des données de base que tout citoyen devrait posséder pour s’en sortir.

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